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Le militantisme pour la SdN ou la redécouverte d'un pacifisme juridique et modéré opposé à la « paix à tout prix »

Cette recherche sur le militantisme pour la SdN s'inscrit dans le cadre du renouveau actuel de l'historiographie française concernant les questions de la guerre et de la paix, et plus précisément des « cultures de guerre » et des « cultures de paix ». Le pacifisme a, en effet, longtemps été en France un objet d'étude délaissé en raison du discrédit général dont il a été victime à la suite de l'effondrement français de juin 1940 et de la compromission d'un certain nombre de pacifistes dans la collaboration ouverte avec l'Allemagne, puis pendant la période de la guerre froide de son identification trop marquée avec le mouvement communiste.

Or, le combat pour la SdN est loin de constituer un pacifisme « à tout prix » dont il a toujours tenu à se démarquer nettement, en répétant que la paix « a un prix » : point de paix hors du Droit ! Ses militants ont ainsi accompli avec conviction leurs obligations militaires au cours de la première guerre mondiale, au nom de la guerre « pour le Droit », et dans les années trente, ils ont appelé les puissances fidèles au Pacte de la SdN à unir leurs forces et les Français à accepter les sacrifices nécessaires, notamment en termes de réarmement, pour sauver la paix.

Le pacifisme « genevois » est donc un pacifisme nettement juridique réclamant une paix garantie par un droit international et des institutions internationales pour le faire respecter. Il est donc en ce sens l'héritier direct du pacifisme juridique à la française né dans la seconde moitié du XIX e siècle, qui considérait que le problème de la paix mondiale se posait dans les mêmes termes que la paix sociale et qu'il s'agissait d'étendre aux relations internationales le processus de civilisation intervenu dans les relations interindividuelles au sein des sociétés.

Les militants pour la SdN voient donc dans l'organisme de Genève, puis après 1945 dans l'Organisation des Nations Unies, les tentatives les plus abouties pour faire régner le Droit et la paix dans les relations internationales. Ils considèrent donc que leur rôle est d'atteindre l'opinion publique dans tous les milieux, afin de susciter partout la foi dans la Société des Nations, tout en revendiquant leur droit de se montrer exigeants vis-à-vis de l'organisation genevoise, qu'ils estiment encore très imparfaite du fait de son éloignement des conceptions françaises, considérées comme seules capables d'assurer le maintien de la paix.

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