Représentation du discours célèbre de Bismarck du 6 février
1888, dans lequel Bismarck appelait à un accroissement de l'armée
pour répondre aux menaces étrangères existantes et potentielles.
A la fin de son long discours Bismarck déclare: "Nous, Allemands,
craignons Dieu et rien d'autre dans le monde!" [ "Wir Deutschen Fürchten
Gott, aber sonst nichts in der Welt! "].
La seconde moitié de la phrase est toutefois importante. Bismarck a ajouté: "Et c'est la crainte de Dieu qui nous fait aimer et œuvrer pour la paix." Mais les contemporains ont choisi de ne citer que la première partie de la phrase, fabriquant des cartes postales, médailles et autres objets commémoratifs répétant cette phrase-choc de Bismarck. En voici quelques exemples tout à fait significatifs :
Ce tableau d'Alexander Friedrich Werner (1827-1908)- a été achevée en 1892. Le 6 février 1888, en quittant le Reichstag, Bismarck rencontre les applaudissements spontanés des passants berlinois. Dans son discours au Reichstag, quelques minutes plus tôt, affiché dans un tableau de Ernst Henseler (1901), le chancelier avait plaidé pour plus de recrues de l'armée, dans le processus de fournir un résumé de la politique étrangère de l'Allemagne pacifique depuis 1871. Vers la fin de son long discours prononcé les mots de Bismarck: «Nous, Allemands, la crainte de Dieu, et rien d'autre dans le monde, et c'est cette crainte de Dieu qui nous fait aimer et chérissent la paix."
Les personnages évoqués par le texte :
• Francis Leveson Bertie, Ist Viscount Bertie of Thame (1844-1919) :
ambassadeur de Grande-Bretagne à Rome.
Voir son portrait.
• Camille Barrère (1851-1940) : ambassadeur de France à
Rome de 1897 à 1924. Voir
son portrait.
• Georges, Paul, Louis Bihourd (1846-1914) : ambassadeur de France en
Allemagne de 1902 à 1907. Il a été auparavant résident
général en Tunisie (1886), en Indochine (1886), ambassadeur au
Portugal (1890), aux Pays-Bas (1895), en Suisse (1900)/
• Théophile Delcassé (1852-1923), ministre français des Affaires étrangères de 1898 à 1905. Voir son portrait. Pendant les sept années passées au Quai d'Orsay, de juin 1898 à juin 1905, il a "redéfini les orientations de la politique extérieure de la France pour permettre de nouveau à celle-ci de tenir les premiers rôles, dans une diplomatie européenne en recomposition, depuis la mise à l'écart du chancelier Bismarck par Guillaume II " (Louis Claeys). Né en 1852, journaliste, député de l'Ariège (élu en 1889), Delcassé qui pouvait être rangé dans le groupe pro-colonial est progressivement évolué vers une "conception générale octroyant la primauté à l'Europe et à l'équilibre entre les puissances européennes (René Girault).
Pour en savoir plus :
Sur la politique extérieure allemande, lire :
Cet article met en lumière la différence qui sépare la réalité de l'accord colonial du 8 avril 1904, lequel couvrait de vastes territoires (Maroc et Egypte, mais aussi Afrique occidentale, Siam, Terre-Neuve, lesNouvelles Hébrides, et Madagascar) et l'image que l'on en a tirée ensuite de quasi-alliance entre la France et l'Angleterre dans l'éventualité d'une guerre contre l'Allemagne sur le continent européen. Il montre que la conclusion de cet accord n'allait pas de soi, et qu'il n'en est pas résulté aussitôt une « Entente cordiale » telle qu'on la commémore en cette année 2004 en grande pompe. L'auteur souligne ici moins l'aspiration de l'Allemagne à l'hégémonie que les efforts entrepris par la diplomatie Delcassé pour exclure le rival allemand du processus habituel de partage colonial négocié avec les autres puissances concernées.