LES EUROPE DANS LA GUERRE FROIDE (1945-1990),

Diplomatie, sécurité et identités

TD de Licence d'histoire - 3ème année - 2006-2007

 


Des compléments aux séances de TD


Présentation générale du cours par Robert Frank :

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, un nouveau système international se met en place. Le monde n'est plus mis en règle, comme depuis des siècles, par un « club » de plusieurs grandes puissances, européennes pour la plupart. Il devient bipolaire, dominé par deux superpuissances, les États-Unis d'Amérique et l'Union des républiques socialistes soviétiques. Très vite, ces géants s'affrontent idéologiquement, politiquement, économiquement et chacun d'eux entraîne son camp dans ce qu'il est convenu d'appeler la « guerre froide ».
Le cours s'interrogera sur cette notion de « guerre froide » qui fait problème, exposera les débats historiographiques et les différentes interprétations de cette confrontation « Est-Ouest » : origines de la guerre froide ; poids respectifs de l'idéologie et des enjeux géopolitiques ; signification de l'alternance entre périodes de tension et de détente ; efficacité de la dissuasion nucléaire ; causes de la fin de cet affrontement. Mais, il s'attachera surtout à analyser la dimension « européenne » de cet événement historique de cinquante ans, à mesurer la place et les rôles des deux Europe dans ce conflit peu ordinaire : enjeux et théâtres européens de l'affrontement « Est-Ouest » ; centralité de la question allemande et de la division de l'Allemagne ; marges de manœuvre diplomatique des États face aux deux super-Grands ; conceptions et organisation de la sécurité du continent ou de chacune de ses deux parties ; déroulement de la construction européenne à l'Ouest à la faveur ou en dépit de la guerre froide ; développement d'un système de « démocraties populaires » à l'Est ; évolution des identités atlantique, communiste, nationales et « européenne ».
La question des identités en Europe et de leur évolution pendant cette période de confrontation idéologique et géopolitique est en effet cruciale pour comprendre l'Europe d'aujourd'hui. Aussi ce cours entend-il être un cours d' « histoire des relations internationales » au sens large du terme, une histoire qui croise histoire politique, histoire économique, histoire sociale et culturelle : on ne peut saisir les aspects diplomatiques, politico-strratégiques et militaires de la confrontation « Est-Ouest » en Europe sans appréhender les réactions des opinions publiques, l'usage de la culture dans cet affrontement, les changements identitaires induits par ce dernier, la circulation des idées et des idéologies de part et d'autre, les interactions entre guerre froide et mutations sociales dans les deux parties du continent.
Dix-sept ans après la désintégration des démocraties populaires, la chute du rideau de fer et du mur de Berlin, seize ans après l'unification allemande, l'heure est à l'unité européenne qui constitue à la fois un nouvel « ordre européen » et une nouvelle « dynamique européenne ». Mais quelques morceaux de rideaux et de murs invisibles subsistent. La fin de la guerre froide a réveillé un désir d'Europe, mais du désir à la réalité, la voie est sinueuse et les difficultés ne doivent pas être sous-évaluées, dues aux héritages de la guerre froide. Ceux-ci façonnent encore en partie les relations intereuropéennes, voire les relations avec les autres continents, puisque les « ex » deux Europe n'ont pas encore tout à fait la même vision de la seule superpuissance laissée en lice, les « États-Unis, ni donc la même vison du monde.