Université de Paris 1 - Année universitaire
2007-2008
"Comprendre l'émergence
de l'idée européenne au XXe siècle"
Séance 5 :
Les mouvements pour l’Europe unie dans les années vingt
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I. L’action des mouvements pour la paix en faveur du rapprochement européen
A. Les pacifistes, pionniers de la réconciliation franco-allemande
Benoit XV - 1er août 1917 : « Exhortation à la paix »
Marc Sangnier (1873-1950) - « Jeune République »
- Ier Congrès démocratique international - Paris (4-11 décembre
1921)
- IIIe Congrès démocratique international - Fribourg-en-Brisgau
(4-10 août 1923)
- VIe Congrès démocratique international - Bierville (17-22
août 1926)
- XXIIIe congrès universel de la paix - Berlin (2-8 octobre 1924)
B. Les congrès universels de la paix et l’idée d’union
européenne
- XXVe congrès universel de la paix - Genève (18 au 23 septembre
1926) : « union économique des États européens
»
Résolution de la Fédération française des Associations
pour la Société des Nations (février 1927) sur une "union
européenne" au sein de la SDN.
Le congrès de l’Union internationale des Associations pour la SDN
(Berlin, mai 1927) : « … Des groupements rigoureusement
continentaux ne répondraient à aucune réalité, ni
économique, ni politique, et […] pourraient susciter des rivalités
qui aboutiraient facilement à une nouvelle guerre mondiale. Notre but
doit demeurer une Société des Nations unie et universelle »
II. L’émergence du militantisme pro-européen
A. Coudenhove-Kalergi (1894-1972) et Pan-Europe
- Pan-Europa (1923) : "L’Europe a irrémédiablement
perdue sa suprématie sur le monde, mais il lui reste encore son indépendance,
sa culture, son avenir, son empire colonial. Si elle s’unissait à
temps, elle pourrait, comme cinquième groupement et avec les mêmes
droits que les autres, prendre encore part au partage de la Terre ; tandis
que si elle est divisée, elle sombrera obligatoirement dans l’insignifiance
politique jusqu’au jour où, ayant perdu ses colonies, banqueroutière,
réduite à la misère et endettée, elle sera la
proie de l’invasion russe".
B. Les États-Unis des Nations européennes du Dr Heerfordt
Christian Frederik Heerfordt (1871-1953)
Roskilde (Danemark)
Une Europe nouvelle (I) (1924) ==> « États-Unis des Nations
européennes »
« On se proposera pour idéal la formation de ce qu’on pourrait
appeler les États-Unis anglo-européens, comprenant tous les États
de l’Europe avec leurs colonies, y compris les colonies autonomes »
(Heerfordt)
C. Emile Borel et la Coopération européenne
Emile Borel (1871-1956)
né à Saint-Affrique (Aveyron)
==> Fédération pour l’Entente européenne (2 septembre
1926) qui lance un « Appel aux Nations Européennes »
==> Comité français de coopération européenne
(25 mars 1927)
- « On pourrait peut-être construire tout de suite quelque
chose de plus solide en apparence si on laissait de côté l’Angleterre.
Seulement nous considérons qu’il vaut mieux construire sur des
bases modestes, pour commencer une grande Europe, que de se contenter d’organiser
une petite Europe » (Emile Borel).
==> Comité
fédéral de coopération européenne (24-25
novembre 1928)
- Extraits des statuts : "Le Comité fédéral
« a pour but de grouper méthodiquement, sans acception de partis,
toutes les forces politiques, économiques et morales qui tendent à
organiser et à développer, entre les nations européennes,
dans le cadre et dans l’esprit de la Société des Nations,
une constante coopération propre à abaisser progressivement
les barrières qui les séparent, à affirmer leur désir
de paix, à permettre la solution des questions qui leur sont propres
et en général à augmenter leur bien-être moral
et matériel »
III. Les réalités et limites de la mobilisation autour de l’idéal
européen
A. Un militantisme des élites
Union paneuropéenne : 6 000 à 8 000 membres à la fin des
années vingt
Comité français de Coopération européenne : 544
adhérents en mai 1927 (dont 60% de parlementaires)
- « M. Wilhelm Heile, Président du Comité allemand
[de coopération européenne], chargé de la propagande,
fait ensuite un exposé général sur l’activité
du comité fédéral, sur l’esprit d’une propagande
entreprise auprès de hautes personnalités de chaque pays au
lieu d’une agitation dans les masses » (juin 1930).
B. Une propagande inégale selon les pays
Comité fédéral de coopération européenne
- sections en Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Danemark, Espagne, Estonie,
Finlande, France, Grande-Bretagne, Grèce, Hongrie, Lettonie, Pays-Bas,
Pologne, Portugal, Roumanie, Suède, Suisse, Tchécoslovaquie et
Yougoslavie
Européisme exogène/ européisme endogène
Belgique
Royaume-Uni
C. Une capacité relative d’influence sur les sphères décisionnelles
Gustav Stresemann
Bernhard von Bülow, directeur du département « Société
des Nations »
Gerhard Köpke, directeur ministériel de Stresemann
4e assemblée générale du Comité fédéral
de coopération européenne (2-4 juin 1930) :
- « L’Assemblée prend connaissance d’un télégramme
émanant de M. Aristide Briand, qui renouvelle à la Fédération
les vœux a toujours formés pour le développement de son
activité, et la félicite de l’ampleur réservée
au programme de son assemblée générale. L’Assemblée
répond pas un message dans lequel elle adresse à M. Briand l’hommage
de son admiration et le remercie de s’être fait représenter
officiellement par le Consul général de France, ainsi que de
son télégramme qui est pour elle un encouragement à poursuivre
l’œuvre commencée, conformément aux principes et
à la méthode énoncés ans le Mémorandum
du 16 mai et qui correspondent exactement aux siens ».