Université de Paris 1 - Année universitaire 2007-2008

"Comprendre l'émergence de l'idée européenne au XXe siècle"

Séance 3:

L'Europe des années vingt, entre nationalismes et coopération internationale

(1919-1929)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Concert européen du XIXe siècle :

> Les grandes puissances gèrent ensemble les problèmes du continent européen
> Elles partagent ensemble un certain nombre de valeurs communes
=> « Ordre européen » (Georges-Henri Soutou)
Paul W. Schroeder, The Transformation of European Politics 1763-1848, 1994.

I. Le nouvel ordre européen des traités de 1919-1920

A. Les buts de guerre des belligérants

B. Les « traités de la banlieue parisienne » (Hitler)

Conférence de la paix (18 janvier-28 juin 1919)

Le traité de Versailles (28 juin 1919)

Article 231 : «l’Allemagne et ses alliés sont responsables, pour les avoir causés, de toutes les pertes et dommages subis par les gouvernements alliés et associés et leurs nationaux en conséquence de la guerre ».

Carte des pertes territoriales allemandes au lendemain de la première guerre mondiale

Les autres traités de paix

Le problème des minorités :

- conception française : citoyenneté
Conception rousseauiste d’un Etat-nation issu de la volonté générale

- tradition romantique (d'inspiration germanique) : ethnicité
L les groupes nationaux continuent à exister au sein des États, et doivent se voir reconnus des droits non seulement individuels mais collectifs, dans un schéma non pas d'État-nation mais d'État fédéral.

C. La SDN, instrument imparfait de régulation du nouveau système international

28 avril 1919 : signature du Pacte de la SDN

Carte des états membres de la SDN (Wikipedia)

Article 10 : "Les Membres de la Sociéte s'engagent a respecter et à maintenir contre toute agression exterieure l'integrité territoriale et l'independance politique presente de tous les Membres de la Societe. En cas d'agression, de menace ou de danger d'agression, le Conseil avise aux moyens d'assurer l'exécution de cette obligation."

Article 15 : « […] Dans le cas où le Conseil ne réussit pas a faire accepter son rapport par tous ses Membres autres que les Représentants de toute Partie au différend, les Membres de la Société se réservent le droit d'agir comme ils le jugeront nécessaire pour le maintien du droit et de la justice ».

Article 16 : "Si un Membre de la Societe recourt a la guerre, contrairement aux engagements pris aux articles 12, 13 ou 15, il est ipso facto considere comme ayant commis un acte de guerre contre tous les autres Membres de la Société.
Ceux-ci s'engagent a rompre immediatement avec lui toutes relations commerciales ou financieres, a interdire tous rapports entre leurs nationaux et ceux de l'Etat en rupture de pacte et a faire cesser toutes communications
financieres, commerciales ou personnelles entre les nationaux de cet Etat et ceux de tout autre Etat, Membre
ou non de la Société.
En ce cas, le Conseil a le devoir de recommander aux divers Gouvernements interesses les effectifs militaires ou
navals, par lesquels les Membres de la Societe contribueront respectivement aux forces armees destinies a faire
respecter les engagements de la Société. Les Membres de la Societe conviennent, en outre, de se preter l'un a l'autre un mutuel appui dans l'application des mesures economiques et financieres a prendre en vertu du present article pour reduire au minimum les pertes et les inconvenients qui peuvent en resulter. Ils se pretent egalement un mutuel appui pour resister a toute mesure speciale dirigee contre l'un d'eux par l'Etat en rupture de pacte. Ils prennent les dispositions necessaires pour faciliter le passage a travers leur territoire des forces de tout Membre de la Societe qui participe a une action commune
pour faire respecter les engagements de la Societe [...]
".

En savoir plus sur l'histoire de la Société des Nations (Bibliothèque des Nations unies à Genève)

Collection de photographies de la Société des Nations

Pour faire une visite virtuelle de la Société des Nations (aujourd'hui Office des Nations unies à Genève)

 

II. Un ordre européen précaire

A. Le retrait (relatif) des Américains de la scène européenne

19 mars 1920 : rejet du traité de Versailles par le Sénat américain
Harding : « America First »
La diplomatie du dollar succède à la diplomatie ouverte.

B. La mésentente cordiale franco-britannique

Car deux visions antagonistes

France :

Grande-Bretagne :

Principale bénéficiaire du règlement de la paix.
Objectifs :

Conférence de Londres (avril-mai 1921) => Réparations fixées à 132 MM marks-or

L’échec du plan britannique (automne 1921-été 1922) :

==> Lloyd George : plan de stabilisation politique et de reconstruction économique de l’Europe visant à réinsérer l’Allemagne et la Russie dans le réseau des échanges internationaux :

6-13 janvier 1922 : conférence de Cannes.

10 avril-19 mai 1922 : conférence de Gênes
Gold Exchange Standard (étalon de change-or).
16 avril 1922 : traité de Rapallo

C. La crise de la Ruhr et la fin de la prédominance française en Europe

Chancelier CUNO

11 janvier 1923, les troupes franco-belges pénètrent dans la Ruhr et s’établissent dans les principaux centres.

26 septembre 1923, le nouveau chancelier Stresemann ordonne la fin de la résistance passive.

9 avril 1923 : plan Dawes.

III. La stabilisation de l’ordre européen (1924-1929)

A) Le tournant de 1924

La conférence de Londres (16 juillet-16 août 1924) - Edouard Herriot

Le « protocole » de Genève (1924)

Le retour des États-Unis sur la scène européenne

L’Allemagne reçoit près de 2,5 milliards de dollars entre 1924 et 1929.
Les États-Unis reçoivent 2,6 milliards de dollars entre 1924 et 1929, au titre du remboursement des dettes interalliées.
« Triangle financier de la paix »: les États-Unis prêtent à l’Allemagne, celle-ci s’acquitte de ses réparations, tandis que les Alliés remboursent leurs dettes.

B) Rapprochement franco-allemand et détente européenne

Les accords de Locarno (16 octobre 1925), retour du concert européen?
Briand, Stresemann, Chamberlain, Vandervelde, Mussolini

Exposition en ligne : De Versailles à Locarno, d'une paix imposée à une paix négociée (site de la Bibliothèque des Nations unies à Genève) - document pdf de 18 pages téléchargeable gratuitement.

 

L’ère « Briand-Stresemann »

10 septembre 1926 : entrée de l’Allemagne à la SDN
« C’en est fini des longs voiles de deuil sur des souffrances qui ne s’apaiseront jamais ; plus de guerres, plus de solutions brutales et sanglantes à nos différends ! Certes, ils n’ont pas disparu, mais désormais c’est le juge qui dira le droit. Comme les individus, qui s’en vont régler leurs difficultés devant le magistrat, nous aussi nous règlerons les nôtres par des procédures pacifiques. Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à l’arbitrage, à la paix ! » (Aristide Briand)

17 septembre 1926 : entretiens de Thoiry

17 août 1927 : accord commercial franco-allemand

Le Pacte Briand-Kellogg : 27 août 1928 : pacte de renonciation à la guerre signé à Paris.

Le plan Young, solution définitive aux réparations :

Comité d’experts financiers présidé par le banquier américain Owen Young (11 février-7 juin 1929)
Solde de la dette allemande : 109,6 MM de reichsmarks
dont 22,6 MM dus inconditionnellement
Remboursement sur 59 années (c’est-à-dire 1988)

Conférence de La Haye (août 1929)