Penser et construire l'Europe 1919-1992

Préparation aux épreuves d'histoire contemporaine du CAPES et de l'AGREGATION

Travaux Dirigés - Séance 3

Le militantisme européen dans les années vingt

 

 

 

 

 

 

 

Coudenhove-Kalergi et le mouvement paneuropéen

- JILEK Lubor, « Paneurope dans les années vingt : la réception du projet en Europe centrale et occidentale », Relations Internationales, n°72, hiver 1992, p. 409-432. Article synthétique très utile pour une première approche.

- JILEK Lubor, "Pan-Europe de Coudenhove-Kalergi : l’homme, le projet et le mouvement paneuropéen", European Institute of Geneva University, in Human Security, n° 9, 2004-2005.

- THERY Franck, Construire l'Europe dans les années vingt. L'action de l'Union paneuropéenne sur la scène franco-allemande, 1924-1932, Genève, Institut Européen de l’Université de Genève, 1998, 192 p.


- SAINT-GILLE Anne-Marie, La «Paneurope». Un débat d’idées dans l’entre-deux-guerres, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, Paris, 2003, 389 p. Cet ouvrage ne porte pas seulement sur l’histoire du mouvement paneuropéen dans l’entre-deux-guerres, mais aussi sur la genèse intellectuelle du programme du comte Richard Coudenhove-Kalergi et sur la réception du message paneuropéen dans les milieux intellectuels germanophones.

La vision continentaliste de Coudenhove-Kalergi (Pan-Europe, Pan-America, East-Asia, British Federal Empire, Russian Federal Empire)


Richard Coudenhove-Kalergi, Paneuropa, 1923, reproduite dans BITSCH M.-T. et BOSSUAT G. (dir.), L’Europe unie et l’Afrique, Bruxelles,Bruylant ; Paris, LGDJ ; Baden-Baden, Nomos Verlag, 2005, p. 27


Les États-Unis des Nations européennes du Dr Heerfordt

Christian Frederik Heerfordt (1871-1953)
Roskilde (Danemark)
Une Europe nouvelle (I) (1924) ==> « États-Unis des Nations européennes »

« On se proposera pour idéal la formation de ce qu’on pourrait appeler les États-Unis anglo-européens, comprenant tous les États de l’Europe avec leurs colonies, y compris les colonies autonomes » (Heerfordt)

 

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Emile Borel et le Comité fédéral de coopération européenne

- GUIEU Jean-Michel, « L’engagement européen d’un grand mathématicien français : Émile Borel et la "coopération européenne", des années vingt aux années quarante », Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, n°5, été 1998.

- FAUDUET Sandrine, « Émile Borel, 1871-1956. L'espace et le temps d'une vie sur deux siècles », La Revue pour l’histoire du CNRS, N°3 - Novembre 2000.

- GUIEU Jean-Michel, « Le Comité fédéral de coopération européenne : l’action méconnue d'une organisation internationale privée en faveur de l'union européenne dans les années Trente », in Schirmann Sylvain (dir.), Organisations internationales et architectures européennes (1929-1939), Metz, Centre de recherche « Histoire et civilisation de l'Europe occidentale », 2003, p. 73-91.

 

Pacifistes et européisme dans les années vingt - Quelques textes complémentaires

Résolution adoptée par le congrès universel de la paix de 1925 (Paris):

« Le congrès affirme qu’il importe à la fois à la paix, au bien-être commun de tous les peuples et à l’avancement de la civilisation, que le monde sorte au plus tôt de son état actuel d’anarchie économique, et que la division internationale du travail et les échanges internationaux puissent prendre leur plus large développement dans un régime de libre et féconde coopération économique de tous les peuples, chacun d’entre eux apportant à l’œuvre commune toutes les ressources de son sol, de sa race et de sa civilisation. Le congrès verrait un acheminement vers ce but dans le rapprochement économique toujours plus étroit des Etats européens et dans l’établissement entre eux d’une union douanière, toutes mesures étant prises d’ailleurs pour ménager les transitions et assurer les adaptations et les équilibres nécessaires. […] On s’efforcera ainsi de traduire dans les faits le principe formulé par le président Wilson : « Suppression autant que possible de toutes les barrières économiques et égalité des conditions commerciales pour toutes les nations consentant à la paix, ainsi qu’à une association en vue de la maintenir ».

Résolution sur l’union économique des Etats européens adoptée par le Congrès universel de la paix de Genève (septembre 1926)

« Les États-Unis d’Amérique depuis un siècle et demi sont devenus un marché unique. Sur un territoire égal à celui de l’Europe, matières et produits circulent en toute liberté. C’est l’extension de ce marché qui a permis à l’industrie américaine de pousser très loin la division du travail, la standardisation, l’organisation scientifique de la production et, par là même, l’accroissement extrême de la productivité du travail. C’est à l’unification du marché des États-Unis, c’est au fractionnement, c’est à la pulvérisation des marchés européens que correspondent pour une large part les différences si considérables des niveaux de vie des États-Unis d’Amérique et des plus évolués des Etats d’Europe.
[…] C’est de l’union économique des peuples d’Europe que dépendent aujourd'hui le relèvement de leur niveau de vie et leur ascension vers la prospérité. C’est elle qui consolidera définitivement les progrès sociaux des dernières années, notamment la journée de 8 heures, permettra l’établissement, sur de larges bases, des assurances sociales et fraiera la voie, par des accords entre les Etats européens, au développement générale des conventions internationales du travail. [… Le congrès] voit dans l’entente économique des Etats d’Europe une étape vers la paix européenne permanente dans le respect du droit des peuples. Il y voit également la promesse du développement de la coopération féconde de l’Europe et des autres continents.
Le Congrès estime que l’entente économique des Etats d’Europe doit s’étendre dans tous les domaines, politique commerciale, transports, systèmes monétaires, problèmes de main-d’œuvre et de travail, etc. Mais il entend que les mesures prises ouvrent les voies à un avenir de liberté économique et d’essor illimité de la production sans méconnaître les réalités présentes et les nécessités de juste équilibre et d’équitables compensations qui, seules, permettront la réalisation du progrès dans l’ordre et la sécurité.
Le congrès voit le point de départ d’une politique européenne de concorde et de paix dans les Accords de Locarno. Il saluerait comme particulièrement heureuse la conclusion, dans l’esprit du Protocole, de semblables accords dans d’autres parties du continent. Il demande que cette politique, transportée dans les différents domaines de la vie économique, conduise graduellement, mais dans les délais les plus rapprochés, à l’union économique générale de l’Europe qui est, pour les peuples de l’Europe, le salut.
Le congrès insiste encore sur le point suivant : l’entente économique, politique et intellectuelle de la France, de l’Allemagne, et de l’Angleterre est le chemin le plus court conduisant à l’union douanière européenne, aux États-Unis d’Europe et à une organisation mondiale pour le maintien de la paix.

Résolution adoptée par le Congrès universel de la paix d'octobre 1929 (Athènes)

Le XXVIIè Congrès de la Paix considère que la situation actuelle des relations entre les Etats est encore contraire aux principes de justice et de morale, qu’elle contient des ferments de discorde entre les nations, et ne correspond pas aux conditions et aux nécessités économiques actuelles, ainsi qu’aux vifs désirs de paix des peuples.
Le congrès estime que pour remédier à cet état de choses, la fédération de tous les peuples est absolument indispensable et doit être l’objet d’efforts incessants.
La Société des Nations, créée utilement pour la réalisation de cet idéal, est encore imparfaite ; néanmoins, le Congrès estime qu’elle est « seule » qualifiée pour arriver à ce but, mais qu’il est nécessaire de la perfectionner.

A cet effet, il faut :
1. Qu’elle réunisse dans son sein toute l’humanité.
2. Qu’elle acquière une autorité souveraine au moins sur les questions de la paix et tous les moyens propres à imposer ses décisions.
3. Qu’elle élargisse ses efforts pour parvenir à une organisation mondiale plus équitable et plus rationnelle de la vie économique.
4. Qu’elle évolue dans un sens plus démocratique, notamment en admettant aussi dans son sein des représentants du peuple et non exclusivement des représentants des gouvernements.

Pour faciliter cette réalisation, le Congrès estime qu’il est d’abord nécessaire de créer immédiatement des fédérations restreintes et dans ce sens il salue, avec un vif intérêt, l’initiative prise par M. Briand, d’inviter les gouvernements à se concerter pour réaliser l’union - librement consentie - des Etats européens.
Cette union européenne à la fois politique et économique, constituée dans les cadres de la Société des Nations, n’est pas dirigée contre les intérêts vitaux d’aucun peuple, amis elle doit, au contraire, être un des premiers éléments de la Fédération universelle.