Editions du Seuil, Coll. "Histoire de la France contemporaine" - vol. 5, 2015.

Gagner la paix

1914-1929


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Le 11 novembre 1918, au terme d’un conflit d’une ampleur inédite, Georges Clemenceau prévient : « Nous avons gagné la guerre, mais maintenant il va falloir gagner la paix, et ce sera peut-être plus difficile ». Le traité signé à Versailles en 1919 ne devait effectivement pas consacrer la « paix française » dont certains avaient rêvé au soir de la Victoire, ni créer les conditions d’une paix durable à laquelle aspirait un corps social durement éprouvé et que la politique de réconciliation européenne d’Aristide Briand devait tenter d’établir dans la seconde moitié des années 1920.

Pour appréhender les enjeux de cette période, il convient de s’affranchir de la tentation de tout regard rétrospectif qui n’envisagerait les événements qu’à la lumière de l’évolution tragique des années 1930. Loin d’être une sorte d’« entre-deux », les années 1920 possèdent leur propre cohérence et leur propre dynamique, qu’illustre une floraison d’idées réformatrices et d’expériences inédites dans tous les domaines de la pensée et de l’action. Une France nouvelle est bel et bien en train de s’inventer, malgré les pesanteurs et les conservatismes.

 

On en parle...

 

L’originalité de cette synthèse écrite par Jean-Michel Guieu est qu’elle est très accessible et repose sur un triple choix : traiter à parts égales Paris, province et colonies ; accorder toute leur place aux destins individuels des hommes et des femmes ; articuler l’histoire sociale et culturelle au récit politique. [...] Jean-Michel Guieu a réussi la gageure d’une synthèse qui répond à son objectif de vulgarisation de qualité universitaire à la lumière des derniers travaux historiographique sur la période 1914-1929.

Jean-François Bérel pour La Cliothèque

Entre guerre et paix. Jean-Michel Guieu, maître de conférences à l'université Paris-I, a réussi le tour de force de nous présenter un tableau dynamique, complet et agréable à lire de la France en Grande Guerre dans un livre qui a intégré tous les acquis sur la période 1914-1918, notamment le flot de publications dû au centenaire. L'auteur rend justice à toutes les écoles historiographiques, en présentant les débats, leurs enjeux et leurs conclusions. Le deuxième chapitre est un modèle de clarté, du haut (les commissions parlementaires, le gouvernement) au bas (l'usine, la tranchée) de la métropole et de son empire colonial. C'est en effet toute la France, la très grande France, qui est l'objet de ce livre : en guerre, puis en paix. L'auteur restitue aux années 1920 leur originalité et leur saveur : années novatrices, années d'espoir et d'édification d'une économie, d'une société et d'une Europe nouvelles.

L'Histoire n°421, mars 2016, p. 82.

Dernier volume paru d'une collection hardie dont l'ambition est de revisiter L'Histoire de la France contemporaine, Gagner la paix 1914-1929 de Jean-Michel Guieu, maître de conférences à l'université de Paris-1, jette une lumière crue sur le conflit lui-même et la décennie qui suit, ouverte à des promesses qui ne seront pas tenues. S'il consacre au déroulement du conflit des pages pénétrantes, ce sont les entours qui retiennent, surtout, l'attention de l'historien. Il décortique avec soin l'état d'esprit de la nation à la veille du drame, en insistant sur la passivité d'une opinion publique divisée. Si l'Union sacrée parvient à mobiliser la nation, c'est dans la perspective d'une guerre courte. Tout est à inventer: de nouvelles formes de gouvernance, la reconversion du potentiel industriel, l'intensification de la guerre économique, l'embrigadement du "front intérieur". Si la guerre est gagnée, la paix dictée par les vainqueurs est perdue. Si Briand aspire à pacifier l'Europe, la dureté des traités se heurte aux réalités internationales, y compris dans le camp des Alliés, et à celles vécues par une Allemagne rétive, en proie de surcroît à des soubresauts intérieurs. Poincaré, l'homme de l'Est, prônera "le droit par la force"et précipitera l'occupation de la Rhénanie. La France elle-même se remet mal d'une guerre qui l'a saignée à blanc. C'est le temps du deuil, et des occasions manquées. Les femmes, qui ont tant contribué à la victoire, sont toujours exclues de la citoyenneté, les sujets de l'Empire aussi. Alors qu'on échoue à réformer un parlementarisme usé, qu'est en route une immense tâche de reconstruction, l'obsession démographique se heure à l'appétit de jouissance qui est la marque des "années folles". Jamais sans doute, l'essor du cinéma aidant, on n'a tant "consommé" de culture, et l'ouverture vers l'étranger est une marque du temps. Le Cartel des gauches sera un espoir déçu, et Poincaré reprendra la main, prêchant la "concorde des républicains". Briand, de retour, apaisera les esprits. Le pacte Briand-Kellogg met hors-la-loi le principe même du recours à la guerre. On sait la suite. Un ouvrage dense, très pensé, où le concret de la vie est restitué avec brio. Passionnant.

Pierre Aubé, "D'une guerre à l'autre", Les affiches de Normandie, 17 février 2016.

La Grande Guerre et après. La Première Guerre mondiale a inspiré, ces dernières années, un nombre considérable de livres, le plus souvent dans une logique commerciale. Parmi les derniers parus, deux retiennent l'attention. Jean-Michel Guieu signe Gagner la paix, 1914-1929, en reprenant en titre la phrase célèbre de Clemenceau consécutive à la signature du traité de Versailles. Guieu, maître de conférences à la Sorbonne, après avoir porté son regard sur la guerre, cerne avec justesse les années 1920 en établissant une synthèse complète d'une période peu étudiée. Il importe alors d'affronter un héritage très lourd, d'inventer dans l'inquiétude une France nouvelle puis de sortir de l'après-guerre. C'est aussi le temps des Années folles et d'une certaine prospérité

Robert Guinot, "Essentielle histoire de France", Le Populaire, 5 mars 2016.

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